Le Quantified-Self est le dernier mouvement à la mode chez les dingues de technologie (lire geeks). Pour le définir simplement, c’est le fait de se connecter à un objet qui regroupe, stocke et analyse toutes nos données. Qualité du sommeil, activité physique, calories dépensées, nombre de pas marchés dans la journée ou quantité de soleil reçue, les adeptes multiplient les objets pour connaitre chaque variable de leur quotidien. Si quelques produits comme le Fuel Band de Nike ou le Jawbone Up sont les symboles d’un mouvement de plus en plus populaire et alors qu’Apple se lance cette semaine dans la course avec Health, ce sont en réalité des centaines d’objets qui sont prêts à analyser notre quotidien. Et si le geek (et pas seulement) de demain était ultra-connecté, à quoi ressemblerait ses journées ? On s’est prêté à l’exercice : bienvenue dans la journée d’un accro au Quantified-Self.
Les notifs du matin : « Bedtime success », « Perfect House », « You’re Fat »
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Vêtements, montres, bracelets, capteurs dans le jardin, dans le salon, sur le toit, sur le chien, Clément est ce qu’on appelle un utilisateur hardcore du self-tracking. Si on devait le placer sur une échelle de 1 à 10, son engouement pour le Quantified-Self serait au niveau Chuck Norris.
Le matin, il a son petit rituel. Il se réveille, s’étend vers son Withings Aura pour vérifier la qualité de son sommeil, passe à son Netatmo pour les variables de sa maison, saute sur la balance Smart Body Analyzer pour vérifier son état de santé et se lave les dents à 100% avec sa Beam Toothbrush. Les graphiques pleuvent comme les notifications. « Bedtime success », « Perfect House », « You’re Fat », son téléphone vibre toutes les 30 secondes avec une nouvelle update de ses données.
Le récital se poursuit jusqu’à la cuisine où sa copine l’attend pour le petit dej. Jus d’orange, fruit, céréales pauvre en fibre, il ne laisse plus une demi-calorie au hasard et son T-shirt OM signal enregistre tout ce qu’il consomme. A côté, sa copine se goinfre de chocolatines et de Nutella alors que Clément lui répète comme un toqué toutes les calories qu’elle avale : « Nutella 285 calories, chocolatine 192, chocolat chaud 107… ». Et elle mange trop vite, il le sait. Au moins, avec sa fourchette Slow Control, Clément mange lentement. De toute façon, à chaque fois qu’il accélère, sa fourchette lui envoie une vibration entre les dents. Ca calme.
D’ailleurs il n’applique pas sa passion qu’à lui-même. Du chien aux plantes en passant par la voiture, tout ce qui l’entoure est maintenant accroché à un device. Ce matin, il va au taff en voiture. Il retrouve ses clefs facilement parce qu’elles sont connectées au service Elgato Smartkey et passe tout le trajet les yeux sur l’application de Dash. Depuis le début de la semaine, il a conduit 42 kilomètres et utilisé 37% de son essence mais ce qui l’intéresse c’est surtout la compétition avec son collègue du marketing. Il consomme plus de CO² que lui et est 2ème au classement depuis deux semaines. L’alerte qu’il recevra sur son téléphone va l’énerver.
Au travail, personne ne peut plus attraper un objet sans qu’il soit connecté
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Clik here to view. Au travail, il a infesté l’Open-Space avec les cookies de Mother et les objets connectés. Un cookie sur la machine à café pour mesurer son taux de caféine toute la journée, un autre sur une carafe d’eau dans son bureau pour s’assurer qu’il boit assez, cinq répartis dans chaque bureau pour mesurer leurs températures, il n’arrête pas. Tous ses collaborateurs proches en ont un sur leur badge pour les retrouver facilement dans l’open-space, les ampoules Awox Smart Light de chaque pièces sont personnalisables et connectées à son smartphone tout comme les alarmes eGardia, les thermostats Netatmo et les capteurs incendies Nest. Il s’est lâché et aujourd’hui personne ne peut plus attraper un objet sans qu’il soit connecté.
Mais le moment le plus fun pour voir Clément s’affoler avec ses devices est surement le repas du midi. Il ne voit plus de la nourriture mais des graphiques de calories et d’apports en lipides. Chaque jour, il tourne autour du self, son smartphone à la main et recense chaque menu sur son Jawbone UP. Poids exact des aliments, apports en nutriments de chaque demi-carotte, il irait jusqu’au taux de soleil reçu par chaque tranche de tomate s’il pouvait. Ce midi, il hésite entre une belle pièce de 148 kilos-calories, 28 grammes de protéines et 4 grammes de glucides ou une assiette complète de 79 calories, 18 grammes de protides et 0,5 grammes de lipides. Je tue le suspense dans l’œuf (mayo) : il choisira la première assiette pour son apport en glucide et tant pis s’il déteste la morue et les épinards.
Le reste de la journée est une succession de moments à analyser. Sa consommation de nicotine avec Smokio, son taux d’exposition au soleil avec June, son activité physique avec OM signal, Jawbone UP , Fuel Band et FitBit (il n’a pas pu le limiter à un) et toute la batterie médicale avec Tinke : fréquence cardiaque, taux d’oxygène dans le sang et rythme respiratoire, il analyse tout ce qu’il peut. D’ailleurs, d’après ses devices, il s’entasse un peu sur son bureau et ils lui recommandent de se remettre au sport aujourd’hui.
En rentrant du boulot, il se chauffe donc pour un footing et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est équipé. Fuel Band sur le poignet gauche pour connaitre son activité physique, Mio Alpha au poignet droit pour mesurer sa fréquence cardiaque, T-shirt OM Signal sur les épaules pour un examen complet et cookie de Mother accroché aux chaussures, sa tenue est tellement connectée qu’Iron Man en serait jaloux.
Le soir, son téléphone vibre plus qu’une manette de PS4 pendant une session de penalties sur Fifa
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Clik here to view. 45 minutes 7,28 kilomètres, 3 998 pas et 972 calories brûlées plus tard, Clément analyse les statistiques de sa session avant de passer à celles de la maison. Il connait l’activité de son chien grâce à Whistle, les besoins en eau de ses plantes grâce à PlantLink, le taux de CO² intérieur grâce à Netatmo et depuis qu’il a Mother, sa maison est tellement remplie de cookies qu’on se croirait dans une fabrique de Michel et Augustin. Il vérifie la température de son frigo et de chacune des pièces de la maison, s’il a oublié de prendre ses médicaments, si sa copine est rentrée, s’il faut qu’il rachète du café si son alarme incendie est bien branchée…
Il passe sa soirée à améliorer les variables qu’il peut et son téléphone vibre plus qu’une manette de PS4 pendant une session de penalties sur Fifa. A la fin de la journée, toutes les données de sa vie sont au vert. Il aime pouvoir les visualiser, y accéder quand il le souhaite et les faire progresser. Son quotidien est devenu une succession de graphiques qu’il faut améliorer, il se sent comme le Sim ultime : prêt à passer au niveau suivant. Et vous ?
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